Berlin forever
Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait. La semaine passée, lundi 9 novembre 2009, l’Europe, que-dis-je, le monde entier avait une pensée pour ce mur déchu dont c’était l’anniversaire. Politiques, artistes, intellectuels mais aussi citoyens de tous horizons fêtaient ce qui, il y a 20 ans promettait l’avènement de l’Europe et même du monde tel que nous le connaissons aujourd’hui.
C’est ce jour de 1989 que le mot « géopolitique » prend tout son sens. Un mur tombe et tout le système communiste s’effondre entrainant dans sa chute la gloire du capitalisme. C’était il y a 20 ans. Alors pourquoi ce mur disparu suscite-t-il encore tant d’émotions ? Dans un monde qui se bat pour mettre à bat les dictatures et qui voudrait être régit par les droits universels de l’homme, dans une Europe qui tend à effacer ses frontières internes, le mur de Berlin qui s’effondre c’est la plus belle image d’évolution du siècle dernier.
Lundi 9 novembre 2009, devant la Porte de Brandebourg, réunis autour de 1000 dominos géants qui se bousculent comme des bouts de mur, allemands, français, anglais, russes, sont tout sourire, les yeux en larmes. Pour Angela Merkel, la chancelière allemande qui comme bien d’autres a grandit dans Berlin Est, cet anniversaire c’est celui de sa liberté. Car il faut s’imaginer enfermé dans une ville par des gens qui veulent vous inculquer un nouveau « way of life », des gens qui veulent prouver au monde que leur système est le meilleur, des gens qui ne veulent pas vous laisser partir parce que vous êtes d’une certaine façon leurs rats de laboratoire : vous devez faire marcher l’économie pour faire de Berlin Est une ville communiste enviée. Et vous, prisonnier de ce mur, de ces frontières, surveillé par une police sévère, privé du confort et des libertés que vous avez connues avant, privé de certains membres de votre entourage resté du coté libre du mur. Ainsi lorsque le mur s’effondre et que Berlin se réunifie, lorsque « Allemagne » n’a plus besoin d’être précisé par une direction, c’est la joie, l’effervescence, le bonheur de pouvoir enfin se retrouver de l’autre coté des check point sans avoir à présenter un quelconque papier. Pour ceux qui étaient présents lors de la chute du mur c’est une fierté que d’avoir assisté au plus gros événement historique de cette fin de siècle. Vous pouvez même demander à notre cher président à quel point il est important d’avoir été là le 9 novembre 1989. Aujourd’hui, 20 ans après, le symbole est toujours aussi fort. Et même pour ceux, comme nous tous, qui étaient trop jeunes pour s’en souvenir, il reste un moment émouvant de l’histoire. Comme si la joie d’abattre ce mur avait été si forte qu’elle avait traversé les générations. Comme la douleur de la Shoah ou de l’esclavage qui se transmettent malgré le temps. Loin du cœur de chacun, pour les gouvernements européens, le mur reste important parce qu’il est un acte de naissance. Mais alors pourquoi 20 ans ? Les dix ans de la chute n’ont pas fait si grand bruit. Pourquoi est-ce maintenant que la chute du mur fait parler d’elle ? Aujourd’hui, les pays européens paraissent plus amis que jamais. Aujourd’hui, l’amitié franco-allemande est à son paroxysme. Peut-être la crise économique rassemble t- elle les gens. Peut-être que ce souvenir leur permet de se rappeler qu’on a vécu pire et qu’on s’en est sorti, que la vie a déjà été plus difficile mais qu’on a survécu et que nos libertés sont encore ce que l’on a de plus précieux aujourd’hui. Si les gens sont encore émus par l’histoire du mur c’est parce qu’il donne de l’espoir.
En somme, merci le mur de t’être fracassé sur le sol Berlinois.