Wall Street au coeur de la polémique
Encore une fois la réforme Obama défraie la chronique. Le mois dernier on applaudissait la réforme de santé du président des Etats-Unis. Aujourd’hui on ramasse les débris d’une proposition de modification du fonctionnement de Wall Street qui a volé en éclat lundi devant le Sénat.
Pointilleux ces américains ! Cinquante-sept ce n’est pas soixante. Dommage parce qu’il fallait soixante voix à Barack Obama pour que son projet de réforme de Wall Street soit soumis au débat. A trois voix près, le Sénat a dit non. Non à une réforme qui envisage pourtant de mettre en place une agence de protection des consommateurs. Non à un projet qui aurait permis de « mettre fin à une institution financière jugée menaçante pour la stabilité du système » comme l’explique le New-York Times.
Démocrates VS démocrates
Traitres, égarés ou influencés, certains démocrates ont décidé de voter contre le projet de leur Président. Conséquence : la réforme phare du mandat Obama n’aura même pas accédé à la phase de débat. Heureusement pour les démocrates, Harry Reid, le président de la majorité au Sénat est un malin. A la dernière minute, voyant son projet en mauvaise passe, il a voté contre. Dit ainsi, cela parait fou (pourquoi donc vote-t-il contre sa propre proposition ?). Mais remis dans le contexte de la loi américaine, c’est on ne peut plus cohérent et intelligent. Grace à son vote négatif, il permet au projet d’être revoter dès le lendemain. Une manœuvre stratégique qui laissera aux démocrates le temps de rallier les voix manquantes à leur cause.
Au programme du New York Times : l’éclairage. Un article pour faire l’état des lieux après un premier vote et une petite enquête du coté des acteurs de Wall Street (Harley Davidson et mars entre autres entreprises), principaux concernés par la réforme. Bref, à New York on met tout le monde à la page. Au Miami Herald, focus sur Goldman Sachs, la banque la plus importante de Wall Street qui doit rendre des comptes au Congrès sur ses responsabilités dans la crise financière de 2008. Le Washington Post a choisi son chroniqueur économique le plus incisif pour couvrir l’affaire Goldman avec ironie : « L’ancien responsable des hypothèques, Dan Sparks a quitté Goldman en 2008 pour « passer du temps avec sa famille », évidemment » et beaucoup de clarté : « Dans les propos accusateurs de Carl Levin, chef de l’enquête sur Goldman, je n’ai strictement rien entendu d’illégal ».
Goldman dans l’arène
Hier, Lloyd Blankfein, PDG de Goldman Sachs avait rendez-vous avec le Congrès. Et il avait de quoi s’inquiéter parce que dans le Capitole, les sénateurs étaient remontés comme des pendules. On pouvait lire hier dans le Miami Herald : « Les preuves montrent que Goldman a plusieurs fois fait passer ses intérêts et ses profits avant ceux de ses clients » ou encore « Je pense qu’ils ont trompé le pays » (Sénateur Carl Levin – Démocrate). Ce qu’on reproche à Goldman Sachs, c’est d’avoir eu un rôle décisif dans la récession. Les autorités boursières américaines l’accusent d’avoir vendu des produits financiers qu’il savait hautement risqués à des personnes souvent mal informées jusqu’en 2008. Après dix mois d’enquête, sept membres de Goldman Sachs dont son PDG doivent faire face au Congrès Américain pour s’expliquer. Une comparution qui tombe mal pour la banque : en pleine polémique sur la réforme de Wall Street, il ne fait pas bon se faire accuser d’arnaques. Pour sa défense, Lloyd Blankfein a déclaré « nous n’avons en aucun cas joué avec nos clients »(Miami Herald) et « je n’ai trompé personne » (San Francisco Chronicle). Une bien triste plaidoirie face à une armée de démocrates bienheureux de pouvoir appuyer leur réforme sur une affaire en cours. Une chose est sure : à peine sorti des grandes villes de la cote est, les polémiques économiques qui agitent les instances politiques américaines n’intéressent plus grand monde. Dans le Time Daily d’Alabama, on se contente des cinq lignes d’une dépêche AP pour faire le point.