Nuage de tensions
Les chariots orange et bleus s’entrechoquent. Les valisent s’écrasent sous le poids des corps qui cèdent à la fatigue. Voilà des heures que la file d’attente s’est transformée en un groupement anarchique de bagages. Et derrière chaque valise, chaque carton et chaque sac à roulettes, des visages crispés, épuisés, des bouches qui soupirent et qui baillent, des enfants qui jouent et qui braillent. A l’aéroport d’Orly, les voyageurs s’impatientent. Les avions sont cloués au sol depuis vendredi. Voilà quatre jours que le nuage de cendre rejeté par le volcan islandais bloque l’espace aérien européen et du même coup les aéroports, les voyageurs, les compagnies et tous leurs sous-traitants.
Tensions
Les nerfs sont à vif. Pour tous ceux qui devaient prendre l’avion vendredi et se rendre à Fort de France, la patience a ses limites. Elodie, étudiante en Histoire à la Sorbonne attend comme tout le monde que les guichets veuillent bien ouvrir. C'est la troisième fois qu'elle se rend à l'aéroport depuis vendredi. Au programme cet après-midi, l'enregistrement puis l'installation dans un bus à destination de Nantes d’où décollera l’avion à deux heures du matin. Un périple.
Elodie appréhende. Il est 18h30 et la compagnie lui a précisé qu’on ne lui servira rien à manger tant qu’elle ne sera pas dans l’avion. Peu importe, elle fera un tour par la première sandwicherie pour faire des provisions : hors de question de manquer ce vol, elle doit absolument partir pour travailler sur son Mémoire. Perdue au milieu des vacanciers et autres hommes d’affaires, l’étudiante tente des mots fléchés pour s’occuper. Elle discute avec ses voisins de chariots. Finalement l’attente a l’avantage de créer des liens. Ce soir à deux heures et demie et après 5 heures de bus, Elodie et 581 autres passagers iront braver la menace du nuage pour atterrir en Martinique à 11 heures demain matin. C’est là que le parcours du combattant prendra fin, sous le soleil réconfortant.
Crédits : Fanny MARSOT